"Dans ces conditions, il faut savoir gré à Loïc Lachenal, directeur de l’Opéra de Rouen Normandie, d’avoir proposé à Pierre-Emmanuel Rousseau d’offrir au public rouennais le Tancredi qu’il a monté en septembre dernier pour le Théâtre Opéra de Bienne-Soleure en octobre dernier. Fidèle à ses habitudes, le metteur en scène français propose une lecture d’une grande élégance visuelle, avec des tableaux souvent très sombres, que vient sporadiquement éclairer une lumière dorée émanant le plus souvent du cérémonial catholique, les ors du décorum contrastant de façon saisissante avec les violences imposées à Amenaide, condamnée, brutalisée, tondue, emprisonnée avec l’assentiment des autorités religieuses. La direction d’acteurs est extrêmement travaillée, notamment pour les trois rôles principaux : Tancrède, tour à tour violent et brisé ; Amenaide, passionnément amoureuse, malmenée (la vision de la jeune fille vêtue d’une robe blanche, cheveux rasés, enfermée dans sa cellule, en fait la sœur de la Marguerite de Faust vue par Lavelli !) mais forte cependant, jusqu’à la catastrophe finale qui la laisse anéantie, hurlant son désespoir dans un « cri muet » saisissant ; Argirio enfin, oscillant entre autoritarisme et amour filial, et faible in fine, soumis à la brutalité d’Orbazzano ou de l’Église."
mars 2024
Classiquenews.com
" Enfin, côté mise en scène, Pierre-Emmanuel Rousseau fait preuve de son élégance habituelle, et comme toujours ne trahit jamais le caractère de l’ouvrage, qu’il fait plongé d’emblée dans un climat sombre et oppressant, dans une scénographie (qu’il signe lui-même, de même que les costumes) dépouillée et mortifère que seuls quelques “dorures” et effets de lumière tirent de l’ombre. Des moines aussi omniprésents qu’inquiétants y font peser une atmosphère pesante et obscurantiste, tandis qu’Amenaïde jetée dans une cage évoque sans coup férir au sort de Jeanne d’arc quelques siècles plus tôt dans cette même ville de Rouen. De la belle ouvrage avec une recherche esthétisante bienvenue en ces temps de laideur scénique quelque peu généralisée "
mars 2024
ForumOpera.com
" La mise en scène de Pierre-Emmanuel Rousseau projette le drame dans un moyen-âge fantasmé où prédomine le noir rehaussé de quelques touches dorées. Il y a quelque chose de Don Carlos dans cette vision obscurantiste de Tancredi où d’inquiétants frocards habillent la nudité du décor. Le pouvoir religieux prend le pas sur la junte militaire commandée par un Orbazzano aux manières de reître. Est-ce parce que nous sommes à Rouen qu’Aménaïde dans sa prison évoque Jeanne d’Arc ? Si tel est le cas, il s’agit de la seule fantaisie que s’autorise une approche respectueuse du livret, aux clairs-obscurs esthétisants (...) "
mars 2024
Cult.news
" Pierre-Emmanuel Rousseau a situé l’histoire dans une espace noir, espace dans lequel toute couleur semble anachronique. Il souligne qu’au tournant du premier millénaire, l’obscurantisme, le poids de la religion, voire l’Inquisition dominent, font la loi, et brisent les êtres, si nécessaire. Car les êtres faibles n’ont guère leur place dans ce jeu de massacre, à commencer par Argirio, le vieux roi, qui se retrouve ici, en permanence, manipulé. Et, bien sûr, comme il se doit dans bien des livrets d’opéra de cette époque, la puissance masculine s’impose au détriment des femmes, et la première à se retrouver humiliée et martyrisée est Amenaide. Certes, la référence à la religion est parfois un peu répétitive, mais la vision de Rousseau s’accorde parfaitement avec la noirceur du drame. Elle démontre que la musique qui peut paraître légère par l’omniprésente virtuosité, n’en reste pas moins l’illustration d’une histoire fondée sur l’asservissement de l’homme par l’homme, en prise avec les puissances négatives de toute société humaine."
mars 2024
Concertclassic.com
"Sur ce plan, le spectacle monté par Pierre-Emmanuel Rousseau à l’Opéra de Rouen respecte l’univers de convention de la Jérusalem délivrée, dans un cadre médiéval plus imaginaire qu’historiquement exact. Le metteur en scène signe également la scénographie et les costumes, dans un séduisant camaïeu de noir et d’or. Là où son intervention se fait davantage sentir, c’est dans l’introduction de l’élément religieux, qui se superpose à cet univers guerrier. Très chrétiens sont les chevaliers : croix omniprésentes, tout un collège de cardinaux en guise de chœur – les effectifs exclusivement masculins utilisés par Rossini facilitent la chose – et, dans la fonction d’accessoiristes, quatre duègnes à la mine revêche qui apportent sur le plateau les différents éléments nécessaires. La sauce prend véritablement à la fin du premier acte, lorsque Amenaide est rejetée par son père, la direction d’acteur se corsant alors pour une deuxième partie où l’intrigue prend une tournure quasi shakespearienne. La malheureuse princesse apparaît dans sa prison tondue et en chemise sale, telle qu’on a pris l’habitude de voir la Ginevra d’Ariodante, autre innocente injustement condamnée, ou la Marguerite de Goethe dans sa cellule – les duègnes ont préalablement tranché ses longs cheveux à la rousseur préraphaélite et l’ont dépouillée de ses habits, le personnage ayant fini le premier acte en nuisette (...) "
mars 2024
Olyrix
" Pour sa mise en scène, Pierre-Emmanuel Rousseau insiste sur la psychologie des personnages plutôt que sur des effets scénographiques, laissant ainsi Rossini diriger le propos. Le décor, austère, est en effet essentiellement composé d’un mur noir en fond de scène, dans lequel s’ouvre une porte, celle du palais doré d’Argirio. Chaque scène est ensuite illustrée d’un ou deux éléments de décor symboliques (un cheval mort, une croix, un trône, une cage, etc.). Les costumes évoquent le Moyen-Âge et l’inquisition, soulignant l’univers oppressant dans lequel les personnages évoluent. La direction d’acteurs tient une place importante dans le succès du spectacle, révélant les fragilités de chaque protagoniste avec une grande justesse. "
mars 2024
Gazzamerlina.it
" La regia di Pierre-Emmanuel Rousseau ha colto bene la lettura del libretto di Gaetano Rossi, tratto da Voltaire. Scene chiaroscurali con pochi elementi visivi, un medioevo siciliano riscritto, fantastico, dove la Chiesa aveva potere assoluto. Ed ecco che qui la regia, giustamente, in una lettura più che aggiornata, fa vivere i personaggi del Tancredi nella loro umana potenza dei sentimenti e nello stesso tempo deboli e vendicativi. Tutto si dilania tra amore, morte, battaglia, sensi di colpa, punizione, sangue che raggrumato, colora i vestiti nei momenti più crudi di tutto il percorso drammaturgico. Una visione di teatro d’opera quella di Pierre-Emmanuel Rousseau che va da William Shakespeare alla cinematografia Dark degli anni ’60 in uni stile sempre rigoroso di scene e costumi con le magnifiche luci di Gilles Gentner di pregio caravaggesco. "
mars 2024
Classica
" Dans un décor noir et or, Pierre-Emmanuel Rousseau, pourvoyeur de belles images, dispose un cheval à terre, une croix, des bougies funèbres, un reliquaire. Autant d’artefacts renvoyant à la Sicile morbide du XVIe siècle. Nonnes et évêques sombres évoluent dans cet univers oppressant. Si l’intrigue de Tancredi, d’après une tragédie de Voltaire, (ici dans sa version Ferrare 1813) finit mal, nous sommes chez Rossini et cela résonne comme une lutte de belcantistes heureux."